En France, la loi interdit désormais aux mannequins dont l’indice de masse corporelle (IMC) est jugé insuffisant d’exercer. Les agences réclament souvent un tour de hanches inférieur à 90 cm pour les femmes, alors que certaines maisons de couture acceptent des profils différents lors de castings spécifiques. Au-delà des mesures, les recruteurs évaluent la capacité à maintenir une forme physique stable sur la durée.
Des exigences précises côtoient donc des exceptions notables, rendant l’accès à la profession à la fois normé et ponctuellement ouvert à la diversité. Comprendre ces critères et ces marges de manœuvre permet d’anticiper les attentes du secteur.
Le poids idéal pour un mannequin : mythe ou réalité dans le métier ?
Le poids idéal pour un mannequin intrigue, divise et ne cesse d’alimenter les débats. Pourtant, réduire le mannequinat à une histoire de chiffres serait passer à côté de la complexité du métier. Oui, la mode a longtemps érigé des standards sévères, mais aujourd’hui, l’industrie bouge. Les profils se multiplient : mannequin de défilé, commercial, grande taille, senior ou fitness. Chacun a ses propres codes, mais un point commun demeure : l’équilibre des proportions.
Dans les agences, la silhouette prime sur la balance. Il ne suffit plus d’afficher un IMC supérieur à 18,5, la norme réglementaire en France, pour convaincre. Ce qui compte, c’est la capacité à incarner un univers, à porter une collection, à afficher une morphologie cohérente. Les critères varient selon le segment, voici comment :
- Pour le défilé, les standards restent exigeants : proportions millimétrées, stature élancée, silhouette homogène.
- Côté commercial, la palette des morphologies s’élargit, offrant une place à des profils plus divers.
- En grande taille, les vêtements débutent au 40-42 français, et la diversité des formes s’affiche sans réserve.
Le mythe d’un poids unique s’efface au profit d’une mosaïque de corps. Les mannequins grande taille, propulsés par des icônes telles qu’Ashley Graham, s’imposent dans les campagnes, tandis que les défilés eux-mêmes s’ouvrent à des silhouettes autrefois absentes des podiums. Le mannequinat s’adapte : la personnalité, la présence, la singularité prennent le pas sur la norme brute.
Quelles mensurations et quel IMC sont attendus en France ?
Depuis 2015, le métier de mannequin est strictement encadré en France. Pour exercer, il faut présenter un certificat médical qui atteste de la bonne santé, avec un IMC jamais inférieur à 18,5. Cette règle s’applique à toutes les agences, qu’il s’agisse de profils classiques ou commerciaux.
Les attentes côté mensurations ne sont pas figées, mais les podiums restent fidèles à certaines fourchettes. Pour les femmes, les critères les plus fréquents sont les suivants :
- Taille : entre 172 et 181 cm
- Poitrine : de 80 à 90 cm
- Tour de taille : 57 à 64 cm
- Hanches : 85 à 93 cm
- Poids : généralement entre 48 et 60 kg
Les hommes, eux, doivent mesurer entre 180 et 193 cm, peser entre 70 et 85 kg, avec une poitrine de 95 à 105 cm, une taille de 80 à 82 cm, et des hanches de 95 à 103 cm.
Le secteur grande taille redéfinit les contours : à partir du 40-42 français, de nouveaux profils s’affirment et bousculent les habitudes. Le commercial, de son côté, élargit le spectre des morphologies recherchées. Mais sur les podiums, la cohérence d’ensemble reste une priorité, dictée par la volonté d’une ligne fluide et d’une unité visuelle sur scène.
Conseils pratiques pour se préparer aux exigences des castings
Pour maximiser ses chances lors d’un casting, la préparation ne s’improvise pas. Il faut arriver avec une sedcard impeccable : ce document, réalisé par un professionnel, rassemble vos mensurations, vos coordonnées, votre âge et une sélection de photos soignées et actuelles. Les agences veulent du vrai : des portraits naturels, une photo en pied, des images en maillot ou lingerie, et, si possible, quelques exemples concrets de collaborations passées.
Le portfolio est votre carte de visite. Il doit refléter à la fois votre polyvalence et votre personnalité : montrez-vous sous différents angles, dans des styles variés (éditorial, naturel, commercial). La sélection doit illustrer l’harmonie de vos proportions et votre capacité à vous adapter à diverses attentes. Les agences mettent l’accent sur la cohérence entre la taille, le poids et l’allure générale.
Le jour du casting, chaque détail pèse dans la balance. Optez pour des vêtements sobres et ajustés qui mettent en valeur votre corps sans surcharge. Tenez-vous droit, affichez un regard franc, un sourire maîtrisé. Préparez-vous à répondre à des questions précises sur vos mesures, votre parcours et vos motivations.
Votre visibilité en ligne n’est pas à négliger : un compte Instagram ou un book digital cohérent et bien tenu peut faire la différence auprès des agences influentes.
Vers un mannequinat plus inclusif : les évolutions à connaître
Les podiums n’appartiennent plus seulement à des silhouettes standardisées. Depuis quelques années, la diversité corporelle s’impose comme une réalité du secteur. Ce tournant est porté par la puissance des réseaux sociaux, l’appétit des jeunes générations pour l’authenticité et la capacité des agences à s’adapter à la demande.
Des mannequins comme Ashley Graham illustrent la percée du mannequinat grande taille, côtoyant désormais les Gisele Bündchen, Karlie Kloss ou Cara Delevingne. Cette ouverture ne se résume pas à quelques exceptions : le marché du mannequinat grande taille connaît une forte progression, comme le souligne The Business of Fashion. Les campagnes de mode accueillent des mannequins venus de tous horizons, tous âges confondus, des hanches marquées aux silhouettes athlétiques.
Pour mieux saisir l’ampleur de cette évolution, voici trois exemples révélateurs :
- La Fashion Model Directory recense aujourd’hui une large diversité de tailles et de morphologies parmi les mannequins de la haute couture.
- Les castings axés sur la diversité se multiplient et s’imposent parmi les grandes agences.
- Des émissions comme Germany’s Next Topmodel, menée par Heidi Klum, mettent en avant des parcours hors normes, à l’image de Lena Gercke qui s’est distinguée sans répondre aux standards habituels.
Cette transformation va bien au-delà des chiffres. Les critères de beauté évoluent : la personnalité, l’attitude et l’harmonie générale de la silhouette prennent le dessus sur des mensurations figées. Les mannequins seniors, alternatifs, matures ou androgynes s’affichent à côté des plus jeunes, enrichissant la palette du secteur. Les frontières reculent, la mode se réinvente, et la diversité s’impose comme une force vive. Qui sait à quoi ressemblera la scène du mannequinat dans cinq ans ?


